Je considère l’ambition comme une vertu. À tout âge et qu’importent nos origines, l’ambition peut être un guide, un guide dans notre vie pour nous permettre d’accomplir des choses mais surtout de nous accomplir nous.
Le problème c’est que cette ambition peut commencer à nous dévorer. Tout échec peut se transformer en un gouffre émotionnel. Ces obstacles qui contrecarrent nos plans peuvent venir nuire à notre tranquillité intérieure.
L’aspect paradoxal du succès c’est que notre capacité à l’obtenir va dépendre de notre capacité à vaincre nos démons, de notre capacité à surpasser nos luttes intérieures pour arriver à une stabilité émotionnelle suffisante permettant la réalisation de notre mission.
Dans cet article je vais tenter d’aborder cette problématique d’un point de vue stoïcien et vous proposer une solution. Comment le stoïcisme peut devenir notre meilleur allié dans notre quête personnelle ?
Quel est l’intérêt d’obtenir une certaine stabilité émotionnelle ?
Si vous vous êtes un tant soit peu intéressé aux sujets du développement personnel, de la réussite professionnelle ou personnelle vous devez connaître le principe de l’effet cumulé. Ce ne sont pas des sprints qui nous mènent au succès mais bien la course de fond.
C’est donc le constant qui parviendra à son but. Pour atteindre cette constance productive, encore faut-il atteindre la constance personnelle, la constance émotionnelle.
Vaincre nos passions
Ici je ne vous parle pas de votre passion pour l’équitation ou pour la photo mais le point de vue philosophique de la passion. La passion est une attirance, un état affectif très puissant dirigé vers une personne, un objet ou un but. Ici, je parle bien de la passion orientée vers note but, l’objectif de notre vie : nous enrichir, avoir un bon job, maîtriser une connaissance, qu’importe.
Quand cet objectif appartient au registre de la passion il devient problématique. Tout obstacle, tout frein et tout échec dans notre quête devient une source de malheur, de doute et de remise en cause de nos capacités.
Vaincre ses passions et changer d’opinion à leur sujet est déjà un premier exercice pour atteindre la stabilité émotionnelle. Ce n’est pas facile mais pourtant nécessaire.
Asymétrie de Sénèque
Nihil perditi
Cela signifie je n’ai rien perdu. C’est exactement là où je veux en venir. Quand nous avons plus à perdre qu’à gagner des aléas de la vie nous devenons fragiles.
Quand nos émotions nous dévorent et lorsque le doute s’installe, nous sommes fragiles. Nos passions et notre dépendance émotionnelle au succès nous fragilise et biaise notre jugement.
Nous devenons soumis à l’aversion au risque et à la perte. Nos décisions sont régies par la peur de l’échec, pas par la raison.
L’étude et la pratique du stoïcisme peut devenir une réponse à ce problème. Cette philosophie va prôner le détachement et l’abandon de ces passions ainsi que de notre égo personnel.
L’asymétrie pour le succès
D’où provient le succès ? Cela dépend de chacun. Si l’on se réfère à la littérature des entrepreneurs de la Silicon Valley, le succès proviendrait de notre capacité à nous planter et à nous planter assez souvent et assez rapidement pour constamment apprendre de ces erreurs.
Cette asymétrie positive va donc nous pousser à choisir le bon côté du sort. Le bon côté de l’obstacle voire à chercher l’obstacle.
Cette philosophie peut nous mener à devenir antifragile selon le terme inventé par Nassim Nicholas Taleb.
Comment atteindre la stabilité émotionnelle ?
Changer sa perception des choses et vaincre notre égo
C’est une étape essentielle du stoïcisme. Pour ça je vous citerai Marc-Aurèle
Ôte ton opinion, alors sera ôtée la plainte. « J’ai été blessé » Ôte la plainte « j’ai été blessé » et la blessure sera ôtée – Marc-Aurèle
Ce que disent les stoïciens est qu’il n’y a pas de mauvaises situations, il n’y a que de mauvaises interprétations.
Il faut apprendre à prendre du recul. Nos attentes nous poussent à construire un monde imaginaire dans lequel tout devrait fonctionner comme il le faut. C’est ce décalage entre nos attentes et notre réalité qui nous apporte déception, désespoir et tristesse.
Notre égo nous amène à espérer. Nous avons tant travaillé, nous avons investi tellement de temps et d’énergie dans ce projet. Nous méritons de réussir. Pourtant la seule personne qui mérite de réussir est celui qui réussit.
Alors comme Marc-Aurèle a pu le faire je vous invite à ôter le mérite, ôter l’attente du succès, ôter le monde imaginaire que nous nous construisons.
Nous n’avons aucun pouvoir sur les résultats obtenus, nous ne pouvons que faire de notre mieux. Optimiser notre procédure pour voir ces résultats changer.
Pratiquer le consentement
Amor Fati : Amour de la destinée
Ce concept avancé par Nietzsche peut être qualifié de stoïcien. Les sages nous invitent à ne pas tenir compte de ce qu’il nous arrive. Rien n’est ni bon, ni mauvais. C’est notre esprit qui porte un jugement.
Pour changer sa perception des choses il est indispensable d’aimer sa destinée. Quoi qu’il nous arrive nous devons le surpasser par l’acceptation : il faut consentir à son destin. Seulement alors nous pourrons avancer.
L’heureux mortel dont la sagesse est accomplie n’est jamais plus content de soi que quand il est fortement éprouvé ; ce qui épouvanterait les autres, lui, si l’exécution d’un noble devoir est à ce prix, non seulement s’y résigne, mais s’y dévoue et aime bien mieux s’entendre applaudir de sa constance que de sa fortune. Sénèque
Memento Mori
Memento Mori
Souviens-toi que tu es mortel. Nous vivons comme si la mort n’arrivera jamais. Pourtant plus le temps passe et plus nous prenons de l’âge, chaque jour qui passe est un pas de plus vers la mort.
Nous n’avons pas le temps de nous laisser aller à l’émotion et aux doutes. J’ai adoré lire l’autobiographie de Phil Knight le co-fondateur de Nike. À la fin de ses études à l’âge de 24 ans, il part faire le tour du monde pour une année. Pendant ce voyage il passe par le Japon pour rencontrer les responsables de l’usine Onitsuka. Ce sont devenus ses premiers fournisseurs de chaussure. À 25 ans il crée la structure Blue Ribbon qui finira par devenir Nike.
Je vous passe les détails de son histoire mais ce qu’il faut retenir c’est que Nike a failli disparaître plus d’une fois. Potentielle enquête du FBI pour fraude, impossibilité de rembourser ses fournisseurs et prêteurs : Phil Knight opérait une espèce de fuite en avant. C’est un excellent entrepreneur, je suis certain qu’il prévoyait. Pourtant, chacun de ses obstacles était inattendu.
Passer à l’action
Les stoïciens prêchent la tempérance et la distance mais aussi l’action. Dans chacun des écrits stoïciens on retrouve à systématiquement le respect pour l’action.
Rien n’est plus honteux que l’homme indécis, hésitant et timide, qui porte le pied tantôt en arrière, tantôt en avant. C’est ce qui en toutes choses nous arrivera, si nos âmes ne se dépouillent pas de tout ce qui nous retient en suspens et nous empêche d’agir de toutes nos forces.
C’est finalement ça le stoïcisme. Se délester des charges émotionnelles. Lutter contre ses peurs et ses doutes, changer la perception que nous avons des événements pour pouvoir agir. Agir en attendant les événements problématiques et pouvoir les surpasser.
Rien n’est certain dans notre vie à part deux choses. La première est que nous allons mourir un jour. La seconde est que notre avenir sera inattendu, pour le meilleur et pour le pire.
Alors comme Phil Knight, ne nous préoccupons pas des coups du sort et de ce qu’il pourrait arriver de pire : cela arrivera. Passons à l’action.
Photo © Neil Thomas