Nous ne devons pas être motivés pour nous mettre au travail. La motivation n’est ni inné, ni obtenue par magie : elle se gagne.
Combien de fois nous nous sommes-dit : je n’ai pas la motivation pour le faire ? Dans l’imaginaire collectif, ceux qui accomplissent de grandes choses ont une motivation inébranlable, presque divine.
L’autre jour, j’ai lu le livre de Jeff Haden, The Motivation Myth : ce fut une sacrée claque. Haden vient avec une approche différente, qui je trouve, a beaucoup de sens. La motivation n’est pas le déclencheur. Ce n’est pas elle qui nous met en mouvement.
La motivation n’est pas le déclencheur
Ce n’est pas la motivation qui doit lancer l’action, mais l’inverse. Nous devons activer la machine, effectuer une action pour gagner en motivation. Pourquoi ?
Vous voyez cette voiture ? Bien qu’elle ait du carburant vous ne pourrez pas avancer si vous ne mettez pas le contact. Il en est de même pour la motivation.
Elle est le carburant nécessaire à l’accomplissement de nos objectifs et la première action est le contact.
Comme la jauge de carburant de votre voiture, la motivation décroît avec le temps. Plus nous avançons, plus nous menons des actions et plus notre jauge diminue.
Pour l’essence, il nous suffit de nous rendre à la pompe la plus proche. Pour être motivé nous avons besoin d’enthousiasme, or l’enthousiasme provient du succès.
C’est donc le succès qui vous donnera l’énergie nécessaire à vous mettre en marche. Nul besoin de chercher le grand succès de votre vie, un petit succès ci et là suffit. Sans progression, il n’existe pas de motivation.
La motivation peut s’automatiser
Haden finit en nous exposant son idée majeure :
La motivation est un processus.
Habituellement la motivation vient puis s’en va. On ne peut pas compter sur elle. Alors il faut créer un système qui la supplante, un processus ou l’on ne choisit pas ce que l’on doit faire, une routine ou l’on prend l’habitude de faire et surtout ou le progrès est systématique.
- Se fixer un objectif, qu’importe sa taille ou le temps qu’il prendra, répondez simplement à la question : que voulez-vous accomplir ?
- Définir le chemin à parcourir pour atteindre cet objectif : Définissez un chemin approximatif, il évoluera avec le temps. Pour le départ, ne soyez pas trop ambitieux, Haden prend l’exemple du fitness, adoptez une routine qui correspond à votre niveau actuel, n’imaginez pas faire des courses de 8 km par jour si vous venez tout juste de commencer : vous abandonnerez et tuerez tout enthousiasme. Alors demandez-vous : quelles sont les actions les plus susceptibles de vous faire atteindre votre objectif ? Petit indice, ce sont souvent les plus douloureuses psychologiquement ou physiquement.
- Que devez-vous faire chaque jour pour atteindre cet objectif ? Soyez précis : Ici ne dîtes pas simplement « je vais écrire 3 fois par semaine », fixez-vous des objectifs chiffrés et datés par exemple : « le lundi j’écris 1000 mots, le mardi je corrige ces 1000 mots et j’y mets du style », etc. Votre but à cette étape est d’être suffisamment précis pour que chaque jour, vous n’ayez aucune question à vous poser.
- Définissez vos actions journalières ou timeboxing : Systématiquement, la veille, le matin même ou en début de semaine, déterminez des moments pour votre routine. Des personnes comme Elon Musk ou Benjamin Franklin fonctionnent ainsi. Par exemple, le lundi matin entre 10 h et 12 h vous faites du sport, entre 14 h et 16 h vous écrivez un article.
- Redéfinissez votre processus : Si vous avez été suffisamment précis, vous devriez avoir des retours précis sur l’efficacité de votre routine, « réussissez-vous à écrire 1000 mots le lundi ? Non ? Pourquoi ? ». Une routine doit évoluer dans le temps. Si vous ne créez pas une routine qui s’adapte à votre emploi du temps vous finirez systématiquement par arrêter.
- Actionnez : À cette étape, vous exécutez sans vous poser de question. Ne vous comparez pas avec d’autres personnes, n’imaginez pas ce que vous serez quand vous aurez atteint votre objectif, cela ne fera que vous décourager. Oubliez votre objectif final, oubliez les autres, votre seul et unique objectif est de construire votre routine chaque jour.
- Corrigez votre routine : Après quelques semaines identifiez les axes d’amélioration de votre routine et vos propres progrès. Dès lors, vous créez une machine à générer de la motivation et non de la frustration, vous ne pouvez que progresser et faire progresser votre routine.
Cette suite d’étape est un indicateur pour vous aider à construire une routine sur le long-terme. Les étapes 1 à 4 peuvent prendre plusieurs semaines, votre objectif n’est pas de courir un sprint, mais un marathon : prenez le temps de bien adapter votre routine à votre rythme de vie. L’objectif de cette procédure est d’arriver à une routine où vous ne réfléchissez plus au quotidien : vous actionnez.
Ne vous concentrez pas sur l’objectif final
Le meilleur moyen d’être malheureux est de faire l’inverse, de se concentrer sur l’objectif final. Nous devons nous concentrer sur le processus, notre objectif n’est pas de réussir, mais de réussir à faire ce qu’il faut faire.
Les voies du bonheur et du succès sont les mêmes. Jeff Haden
Un marin en haute mer ne suit pas une droite rectiligne vers sa destination, il suit le sens du vent et des courants : son objectif quotidien n’est pas d’arriver au bout, mais de réussir à garder le cap. Il en est de même pour notre objectif final, notre but n’est pas de l’atteindre, mais de réussir à garder le cap des micro-succès qui entretiendront la flamme de notre motivation.
Si l’on fait ce qui doit être fait, nous progresserons, nous atteindrons des petites victoires suffisantes à l’entretien de la motivation. Nous devons apprendre à savourer les petites victoires, à nous enthousiasmer de tout succès, aussi petit soit-il.
Quelques règles autour de la motivation
Internaliser la responsabilité ou comment se servir des clichés
Un autre conseil de Jeff Haden est de se servir des clichés de notre objectif final. Posez-vous ces questions :
- Que souhaitez-vous accomplir ?
- Quelle personne êtes-vous en train de devenir ?
De telle manière, vous ne reposez plus sur des conditions extérieures, tout dépend de vous. Vous ne dîtes plus « Je ne peux pas faire ça » mais « je ne fais pas ça ».
Prenons l’exemple d’un coureur.
S’il court pour s’améliorer et devenir un marathonien, il peut se dire : « Je ne peux pas manger de chocolat, mon régime me l’interdit ». Ce n’est pas la bonne approche. Que fait un marathonien ? Il ne mange pas de chocolats, mieux, il n’apprécie pas spécialement sortir de sa routine nutritionnelle et le chocolat n’est plus le plaisir qu’il était. Point.
Cela peut paraître idiot, mais en formulant ainsi ses pensées, nous prenons la responsabilité de nos actions. Ce n’est plus votre objectif qui vous l’interdit, mais votre personne nouvelle. Je sais que cela ressemble à un conseil de gourou à la Tony Robbins mais essayez quelques jours.
Respecter ses besoins naturels
Parler de motivation et théoriser le sujet est intéressant, mais nous sommes humains. Bien que notre mental puisse avoir un impact sur notre état d’esprit et notre énergie, tôt ou tard nos besoins physiologiques prennent le dessus.
Notre cerveau est directement lié à notre corps et son système hormonal complexe. Notre état physiologique impacte directement notre état émotionnel.
Dormez huit heures par jour, mangez équilibré, faîtes du sport, ne fumez pas, ni ne buvez. Cela peut paraître idiot, mais un grand nombre de personnes ont un état émotionnel négatif à cause de manquements à ces règles. Moi le premier.
Découpez les projets en morceaux
Un projet d’envergure peut être un frein. On ne sait pas quand on verra le bout du tunnel. Imaginez que vous commenciez un jeu de rôle et que l’on vous disait : « Tu devras passer des milliers d’heures avant d’arriver au niveau maximum » Personne ne jouerait. Non à la place on prend plaisir à découvrir et débuter, chaque niveau atteint nous offre un nouveau sort, l’accès à un objet pour nous enthousiasmer et nous donner envie de poursuivre.
Il en est de même pour les projets d’envergure que vous souhaitez mener à bien. Rome ne s’est pas faite un jour. Pierre après pierre, années après années la ville fût bâtie. Alors, que pouvez-vous faire maintenant qui vous rapprochera de votre objectif final ?
En découpant votre projet en mini-tâches, vous vous donnez la possibilité de percevoir une finalité court terme et un succès potentiel pour recharger votre carburant. En plus, cela sied parfaitement à la méthode pomodoro.
Méthode pomodoro
En productivité et notamment autour de la motivation on remarque très rapidement que « le plus dur, c’est de s’y mettre ». La procrastination est un fléau qui touche ceux qui ne commencent pas. Une fois que l’on a commencé il est bien plus facile de poursuivre. Il est bien plus facile de faire accélérer un corps en mouvement qu’un corps à l’arrêt.
Encore faut-il pouvoir démarrer. C’est pour cela que quand je manque réellement de motivation, je me lance dans un pomodoro.
La méthode pomodoro est une approche qui segmente le temps de travail : 25 min de travail, 5 min de pause. Après trois sessions, vous effectuez une longue pause de 20 minutes.
Quand nous allons commencer nous pouvons être assommé par la quantité de travail nécessaire. Découpez son temps de travail en se disant : « Je ne travaille que pour 25 minutes avant une courte pause » est réellement efficace.
Rien ne vous oblige de prendre la pause quand vous vous serez lancé. C’est juste un piège psychologique pour se mettre en mouvement.
Faire ses tâches les plus difficiles le matin
Ici cela dépend de vous. Je sais que certains sont très courageux et productifs le soir. Dans mon cas, les tâches les plus terrifiantes, les tâches sur lesquelles je procrastine le plus sont souvent mieux réalisées le matin. Peut-être est-ce parce’que je suis mal réveillé et je me rends moins compte de mes peurs où alors est-ce ma jauge de motivation qui est à son maximum ?
En tout cas cela fonctionne. Écoutez-vous, analysez votre processus précédemment construit et observez vos pics d’énergie et de motivation : quand êtes-vous le plus à même de mener à bien vos tâches difficiles ?