Comment fonctionne notre cerveau quand on apprend ?

Toute personne ambitieuse doit avant tout comprendre le fonctionnement du cerveau. D’un point de vue émotionnel et psychologique mais aussi d’un point de vue mémoriel.

Comment notre cerveau traite les informations qu’il perçoit ? Comment apprenons-nous de nouvelles choses ?

L’apprentissage perpétuel est clé dans toutes les biographies de personnages à succès que j’ai étudiées. Prendre la voie du développement perpétuel est indispensable pour toute réussite personnelle et professionnelle.

Un ordinateur biologique ?

Saisir le fonctionnement du cerveau humain aide à la compréhension ainsi qu’à la destruction des croyances populaires autour de l’intelligence et de la fatalité génétique qu’elle induit.

L’information de nos sens est encodée au langage neuronal puis stockée pour être réutilisée au besoin.

Malgré cela nous ne stockons pas la connaissance comme un disque dur. Il ne suffit pas de créer un index pour retrouver l’information. Notre fonctionnement cérébral ressemble plutôt à un sentier naturel tracé au fur et à mesure de passages. Plus l’on passe et plus il se dessine. Si l’on ne passe plus, la nature reprend ses droits. La connaissance n’est jamais vraiment oubliée, elle est profondément enfouie et nous devons permettre au cerveau de la retrouver en créant des liens.

Comme un développeur qui doit apprendre à penser comme un processeur, nous devons apprendre à imaginer l’intégration de nos apprentissages pour pouvoir mieux embrasser la philosophie derrière tout désir d’amélioration de nos capacités.

L’encodage

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En premier lieu notre cerveau va analyser ce qu’il perçoit, tous les stimuli qui nous entourent sont encodés dans notre mémoire à court terme. Le truc c’est que ces connaissances sont accessibles pour une durée limitée, elles sont relatives au contexte. Pour être capable de nous en servir à nouveau, nous allons devoir les consolider.

La consolidation de la connaissance

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C’est là que la magie opère. La consolidation aura pour objectif de renforcer la représentation mentale de nos nouvelles connaissances fraichement encodées.

Dans ce procédé intervenant quelques heures après avoir été exposé à une nouvelle information, notre cerveau va chercher à relier ces nouvelles connaissances avec celles que l’on connaît déjà. De ces liens et de leur intensité dépendra l’apprentissage.

En consolidant la nouvelle connaissance, nous la rendons à nouveau malléable, nous lui permettons de créer de nouvelles connexions, d’imaginer de nouveaux liens avec d’anciennes connaissances et de créer des nouveaux modèles mentaux.

Je l’ai sur le bout de la langue

Le cerveau n’oublie jamais vraiment une information, il la perd. Pour éviter la surcharge, le cerveau va stocker mais ne pas indiquer le moyen de récupérer une connaissance. C’est pour ça que parfois on a l’impression de ne plus se rappeler jusqu’à ce que des indices nous guident vers l’information perdue. D’où l’expression « je l’ai sur le bout de la langue ».

En créant de nouveaux liens nous renforçons dans notre esprit les indices permettant au cerveau d’aller chercher l’information. Voyez ceci comme le fonctionnement d’une page sur Google. Plus Google va identifier de liens pointant vers une page, plus il aura de facilité à la retrouver et donc la positionner dans ses résultats.

Le truc c’est que pour que cette connaissance soit à nouveau malléable, elle doit avoir été « figée », ou oubliée.

Retrouver la connaissance pour la reconsolider

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C’est pour ça que la pratique intensive d’une seule et même connaissance sur une certaine période de temps n’est pas nécessairement utile. Nous ne permettons pas à la connaissance d’être perdue.

Comme le cerveau n’oublie jamais vraiment nous ne devons pas répéter intensément une connaissance mais répéter intensément sa redécouverte. Ce procédé permet au cerveau de creuser de nouvelles routes menant à cette connaissance tout en créant de nouveaux liens avec d’autres.

La répétition suffisamment espacée qui permet « d’oublier » la connaissance nous force à la redécouvrir et de fait, à la retrouver plus facilement par la suite. Ceci explique la courbe de l’oubli mais aussi l’intérêt du test et de la pratique espacée.

Retrouver la connaissance la fait « remonter » depuis la mémoire long terme pour la croiser avec les nouveaux stimuli encodés. En passant elle devient à nouveau malléable et construit à chaque passage de nouveaux liens avec les connaissances fraichement encodées ou les stimuli récents. Plus nous multiplions cette procédure dans le temps, plus nous améliorons les voies de nos connaissances et les liens entre elles. Cela aura pour effet de renforcer nos modèles mentaux et notre maîtrise du sujet.

Si vous souhaitez aller plus loin à ce sujet, jetez un œil à l’excellent livre Make It Stick, c’est de cette bible de l’apprentissage que je tire cet article. J’ai également écrit un article qui détaille en profondeur ce que les auteurs du livre définissent comme la meilleure méthode d’apprentissage.

Nous devenons ce que nous apprenons

Un expert n’est pas simplement une personne qui maîtrise un domaine mais quelqu’un équipé d’un système neuronal et de modèles mentaux uniques, résultats d’années de pratique et d’apprentissage.

Nous savons aujourd’hui que notre cerveau évolue de notre naissance jusqu’à notre mort. Si son architecture semble être figée et déterminée par nos gènes, ce n’est pas le cas de nos liaisons neuronales et c’est de ces liaisons dont dépend l’expertise ou une connaissance.

Cela va même plus loin. Nous savons que l’hippocampe produit de nouveaux neurones avec le temps. Ce phénomène appelé neurogénèse intervient dans l’apprentissage. Mieux encore, on remarque un renforcement de la myéline avec la répétition qui facilite la transmission de l’information.

C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas

On constate également une utilisation différente des neurones chez un expert et chez un débutant. Chez un expert, la connaissance a tellement été retrouvée et réencodée que les mouvements se sont intégrés dans les neurones moteurs, ces compétences deviennent séquentielles, d’où l’expression : « c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas ».

Notre cerveau est relativement évolutif et les nouvelles connaissances obtenues le façonnent. L’encodage, la consolidation et la récupération des informations répétées nous permettent de construire de nouvelles liaisons neuronales et d’altérer notre fonctionnement cérébral.

Un expert n’est pas simplement une personne qui maîtrise un domaine mais quelqu’un équipé d’un système neuronal et de modèles mentaux uniques, résultats d’années de pratique et d’apprentissage.

Sachant cela nous pouvons optimiser la procédure pour apprendre mieux mais la vraie conclusion de cet article est ailleurs. Malgré nos origines ou nos croyances relatives à nos capacités nous pouvons tous, à force d’efforts pour conceptualiser nos connaissances et ancrer nos pratiques, développer des compétences complexes. Il suffit de s’exercer en adaptant nos pratiques à notre cerveau.

Photo de couverture © Bret Kavanaugh.

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